Les chevalements, beffrois de l'industrie minière
Le chevalement du Vieux 2 à Marles-les-Mines (Pas-de-Calais) de l’ancienne Compagnie des Mines de Marles puis du groupe d’Auchel :
Chevalement du Vieux 2 (12 juin 1977)
(Collection Jean-Marie MINOT)
Autrefois propriété de la Compagnie des Mines de Marles, puis du Groupe d’Auchel à la Nationalisation, ce chevalement à poutrelles à treillis a été construit en 1908, suite à l’effondrement du puits n°2 de Marles-les-Mines.
Il est constitué d’une tour ou avant-carré supportant en partie haute deux molettes parallèles qui permettaient la descente et la remontée d’une cage dans le puits de mine.
Le puits n°2 des Mines de Marles ou puits Saint-Emile creusé en 1854 s’éboula le 3 mai 1866 par suite de la rupture du cuvelage en fonte.
Une pièce ayant cédé sous la pression des terrains, la trombe d’eau qui jaillit par la brèche entraîna les terrains autour du puits, ce qui eut pour conséquence la dislocation et la démolition de toutes installations du jour.
L’éboulement avait formé à la tête du puits un cratère en forme de cône renversé de 35 mètres de diamètre qui avait englouti le chevalement, la machine d’épuisement et les matériaux provenant de l’écroulement de la salle des machines.
Cet accident, uniquement matériel, aurait inspiré l’un des plus célèbres romanciers français, Emile ZOLA (1840-1902), pour narrer l’épisode de l’inondation de la mine dans « Germinal » (1885), causée par l’écroulement du cuvelage d’un puits.
Ce n’est que quarante deux ans plus tard qu’est entrepris le fonçage du nouveau puits n°2. Achevé en 1908, il est remis en extraction vers 1950 lors de la modernisation des puits n°2 et n°2 TER, et sera exploité jusqu’à sa fermeture définitive en 1974.
Rachetés par la municipalité de Marles-les-Mines en 1979 et restaurés en 1989 sous la maîtrise d’œuvre de l’Etablissement Public Foncier (EPF), le chevalement du Vieux 2 et le bâtiment attenant qui abrite la superbe machine d’extraction Leflaive et Cie sont inscrits monuments historiques par arrêté du 06 mai 1992.
Cet ensemble architectural intégré dans un parc de verdure constitue aujourd’hui un charmant petit musée de la mine et d’histoire locale.
En 1995, le chevalement du Vieux 2 est primé pour son éclairage en obtenant l’Oscar national catégorie « Mise en Lumière » dans le cadre du concours « Qualité Ville » organisé par EDF.
Le chevalement du Vieux 2 - Marles-les-Mines (Pas-de-Calais)
(Collection Philippe ANDRZEJEWSKI & Virgil DRELON)
Les chevalements des puits n°9 et n°9 BIS de Dourges à Oignies (Pas-de-Calais) de l’ancienne Compagnie des Mines de Dourges, puis du Groupe d’Hénin-Liétard, et du Groupe d’Oignies :
Chevalements des puits n°9 et n°9 BIS de Oignies (Avant 1950)
(Collection Jean-Marie MINOT)
Les puits n°9 et n°9 bis de la fosse n°9 (ou fosse De Clerc-Crombez) d’Oignies sont respectivement coiffés d’un chevalement métallique à poutrelles à treillis de type avant carré porteur renforcé par deux jambages secondaires.
Le chevalement du puits n°9 BIS édifié en 1932 et celui du puits n°9, construit en 1941, sont en partie imbriqués dans leurs bâtiments de recette conçus par Delille et Foby, respectivement architecte et ancien ingénieur en chef de la Compagnie des Mines de Dourges Le diamètre des molettes est respectivement de 5 mètres pour le premier et de 6 mètres pour le second.
La structure du couronnement du puits n°9 se compose de quatre poteaux principaux soutenant une charpente à deux versants en tôles ondulées galvanisées.
Le plancher des molettes du puits n°9 BIS est couvert par une toiture à quatre pans également en tôles ondulées galvanisées ornée de deux pointes d’acier terminées par une boule qui font office de paratonnerres.
Les deux machines d’extraction à tambour bicylindroconique conservés en l’état, dont une machine Jeumont de 1930, sont situées à l’extrémité d’un vaste bâtiment qui abrite également les quatre compresseurs Messian et Rateau, les deux ventilateurs, les dispositifs liés au fonctionnement des machines ainsi que les équipements électriques.
Dernier site d’extraction du charbon dans le Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais à fermer en 1990, la fosse n°9 d’Oignies a servi en 1992 pour les prises de vue du film de Claude BERRI, « Germinal »,et en 2004 pour celles du film du cinéaste Robert GUEDIGUIAN, « Le Promeneur du Champ de Mars ».
Les deux chevalements avec leurs bâtiments de recette, les deux machines à tambour bicylindroconique, les quatre compresseurs et les deux ventilateurs, ainsi que le reste des installations de surface de la fosse (Bureaux, bains-douches, château d’eau, anciens garages, magasins, salle de paie, ateliers de réparation) sont classés parmi les monuments historiques de la région.
Remarquable par son homogénéité architecturale et technique, le site de la fosse n°9 d’Oignies ouvert au public est sauvegardé et entretenu depuis novembre 1992 par l’association ACCCUSTO SECI (Association pour la Création du Centre de Culture Scientifique et Technique d’Oignies sur les Sécurités Industrielles).
Actuellement, un ambitieux projet de reconversion associant ACCCUSTO SECI, la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin (C.A.H.C) qui a fait l’acquisition du carreau de fosse en 2003, et la Mission Bassin Minier, vise à transformer l’ancienne fosse n°9 d’Oignies en un site attractif orienté vers de nouvelles activités : hôtellerie, restauration, activités de services, salles de spectacle, studios d’enregistrement, galerie sonore.
Les chevalements des puits n°9 et n°9 BIS de Dourges - Oignies (Pas-de-Calais)
(Collection Philippe ANDRZEJEWSKI & Virgil DRELON)