Les chevalements, beffrois de l'industrie minière

 

 

Les chevalements métalliques :

Vers 1880, le bois employé jusqu’alors dans la construction des chevalements est peu à peu remplacé par le fer, matériau fiable plus léger et bon marché, dont l’avantage est d’offrir une très grande résistance aux efforts de traction multiples et considérables exercées sur chacune des pièces du chevalement par des machines d’extraction toujours plus puissantes.

La souplesse de ce matériau et sa légèreté facilitent en outre le montage des pièces constitutives du chevalement, mais aussi leur désassemblage si l’exploitant juge utile de les réutiliser sur un autre site.

C’est ainsi que plusieurs chevalements devenus inutiles à la suite de l’arrêt des puits qu’ils équipaient (chevalements des puits n°13 de Noeux à Sains-en-Gohelle, du puits n°1 de La Clarence et du n°3 TER d’Auchel) ont pu reprendre du service sur d’autres fosses du Bassin.      

Employé sous différentes formes, le fer a donné naissance à trois types de chevalements :   

Les chevalements en poutrelles creuses ou tubulaires en tôle ou en fonte furent peu répandus dans le Bassin du fait de leur manque de résistance à la corrosion, les risques de cisaillement et de détérioration des rivets utilisés dans la fixation de ces tubes.

Les structures métalliques à poutrelles à treillis reflètent quant à elles la prospérité économique des puissantes compagnies minières de l’époque. La poutrelle à treillis dont l’emploi se généralisa à partir de 1890 consiste en un assemblage de barres triangulées dont la conception nécessite des études techniques très poussées.

Les structures en poutrelles à treillis font cependant payer leur finesse et leur légèreté par leur sensibilité à la corrosion, ce qui nécessite de réparer et repeindre tous les cinq à sept ans les parties les plus altérées.

Le double chevalement des puits n°15 et n°15 BIS des Mines de Lens à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) que l’armée britannique surnommait « Towerbridge » du fait de ses similitudes architecturales avec le célèbre pont londonien qui enjambe la Tamise, reste sans conteste la plus grandiose des réalisations à poutrelles à treillis jamais créées sur un carreau de mine français.

Construite en 1909 par les Etablissements Fives-Lille mais entièrement détruite par les Allemands en 1915, cette construction monumentale se caractérisait par la présence de deux chevalements de 75 mètres de haut dotés chacun de deux molettes de 7 mètres de diamètre, et reliés entre eux par une passerelle surplombant le sol à 32 mètres de hauteur.

 

Le double chevalement des puits n°15 et 15 BIS des Mines de Lens avant et aprés destruction par l'armée allemande en 1915

( Source : Jean-Marie MINOT )

 

Les huit derniers chevalements en poutrelles à treillis encore debout dans le Bassin sont ceux des puits n°1 et n°2 de la fosse Delloye à Lewarde, des puits n°1 et n°2 de la fosse d’Arenberg à Wallers,  des puits n°1 BIS Liévin à Liévin et n°3 BIS de Lens à Liévin, du puits n°11 de Lens à Loos-en-Gohelle et du puits Vieux 2 de Marles à Marles-les-Mines.  

Après 1946, l’esthétisme architectural des chevalements à poutrelles à treillis disparaît au profit d’une architecture sobre, économique et fonctionnelle qui se traduit désormais par l’utilisation de poutrelles à âme pleine, plus rapides à monter et plus faciles d’entretien, et la suppression des festons des toitures. C’est de cette époque que datent les chevalements des puits n°2 de la fosse Ledoux, n°2 de Sabatier à Raismes, n°3 de Wallers, n°9 de Roost-Warendin, et n°8 d’Evin-Malmaison. 

 

Le chevalement du puits n°1 la fosse Ledoux à Condé-sur-Escaut (Nord) de l’ancienne Compagnie des Mines d’Anzin puis du Groupe de Valenciennes :

Chevalement puits n°2 Fosse Ledoux (21 septembre 1988)

(Collection Jean-Marie MINOT)

Le chevalement métallique semi portique à âme pleine du puits n°1 de la fosse Ledoux se dresse à l’extrémité Est du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, à Condé-sur-Escaut, au cœur du site naturel des étangs de Chabaud-Latour.

Cette imposante structure édifiée en 1951 par les Etablissements DELATTRE et FROUARD est dotée de deux molettes superposées de 7 mètres de diamètre respectivement situées à 37 et 48 m de hauteur.

Le chevalement a été renforcé dès le début de l’exploitation de la fosse par l’adjonction de deux poussards à l’avant.

Après l’arrêt de l’exploitation de la fosse Ledoux en 1988, les installations de surface ont été entièrement démantelés en 1990-1991, excepté le chevalement du puits n°1 qui doit sa conservation à une poignée d’anciens mineurs, dont Michel FAGLAIN, ancien chef du carreau de la fosse Ledoux, et la municipalité de Condé-sur-Escaut.  

Unique vestige de l’activité charbonnière dans cette partie du Bassin situé à proximité de la frontière belge, le chevalement couleur mauve est inscrit monument historique par arrêté du 06 mai 1992.

Vues du chevalemnt du puits n°1 de la Fosse Ledoux-Condé-sur-Escaut (Nord)

(Collection Philippe ANDRZEJEWSKI & Virgil DRELON)

 

<<SUIVANT>>