Les chevalements, beffrois de l'industrie minière

 

 

Les chevalements en béton armé :

Le souci de reconstruire rapidement et économiquement les chevalements de mine dans les régions dévastées a décidé nombre de compagnies charbonnières du Nord et du Pas-de-Calais à recourir au lendemain de la Première Guerre mondiale au béton armé.

Plus lourds d’aspect que les chevalements métalliques, mais d’une robustesse et d’une longévité à toute épreuve, les chevalements en béton armé ont été ainsi adoptés sur plusieurs puits du bassin minier dont les installations étaient à reconstruire à la suite de leur destruction pendant la Grande Guerre (1914-1918).

Ce matériau réputé pour sa résistance et son faible coût de fabrication sera de nouveau employé entre 1950 et 1960 dans le cadre de la réalisation des tours d’extraction destinées à équiper uniquement les sièges de concentration à forte production : Siège 11/19 de Loos-en-Gohelle, Siège n°10 d’Oignies, Siège Barrois à Douai.

Les cinq derniers chevalements en béton armé encore debout dans l’ex bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sont ceux de la fosse n°2 d’Anhiers et du puits n°2 de la fosse Dutemple de Valenciennes pour le département du Nord, et ceux des puits n°6 d’Haisnes-lez-la-Bassée, n°13 BIS de Bénifontaine et n°19 de Loos-en-Gohelle pour le département du Pas-de-Calais.    

 

Le chevalement de la fosse n°2 à Anhiers (Nord) de l’ancienne Compagnie de Flines, puis de la Compagnie des Mines d’Aniche :

L’ancienne Fosse n°2 de la Compagnie de Flines rachetée le 13 janvier 1922 par la Compagnie des Mines d’Aniche est coiffée d’un petit chevalement en béton amputé de ses molettes d’origine, à l’exception d’une molette de secours toujours en place.

Il a été édifié au lendemain de la Première Guerre mondiale par la Société coopérative « Entreprises Charles TOURNAY » de Liège (Belgique).

Son aspect désuet évoque, plus que les hautes structures métalliques modernes, toute la longue histoire du charbon dans ce secteur du bassin autrefois rattaché à la concession de FLINES LES RACHES.

Epargnés jusqu’à présent par le propriétaire des lieux, le chevalement et les bâtiments de l’ancien carreau de la fosse n°2 d’Anhiers ne sont pas inscrits monuments historiques.

L’association de défense du patrimoine minier, le « 8 d’Evin » qui a œuvré pour la sauvegarde et la conservation du chevalement du puits n°8 d’Evin-Malmaison, a entrepris récemment des démarches pour préserver et restaurer l’ensemble des installations.    

 

 

Le chevalement de la fosse n°2 - Anhiers (Nord)

(Collection Philippe Andrzejewski & Virgil Drelon)

 

 

Le chevalement de la fosse Dutemple à Valenciennes (Nord) de l’ancienne Compagnie des Mines d’Anzin, puis du Groupe de Valenciennes :

Le chevalement du puits n°2 de la fosse Dutemple de Valenciennes, rare exemple de chevalement en béton armé de la région, est l’un des premiers de ce type, car datant de 1920.

Construit par la Société Coopérative «  Entreprises Charles TOURNAY » de Liège (Belgique), ce chevalement est du type de ceux dans lesquels le faux-carré fait entièrement corps avec les pans de charpente constitués par les bigues et les deux montants correspondants.

La hauteur de la structure est de 42,50 m depuis le sol jusqu’à la toiture. Son poids total est de 1000 tonnes et les molettes de 6 mètres de diamètre sont placées respectivement aux niveaux de 27 et 34,50 m.

Les molettes sont reliées entre elles aux niveaux des recettes, des taquets de sûreté, des molettes de secours et des molettes d’extraction par des planchers donnant passage aux divers organes du chevalement. 

La fixation des pièces accessoires, taquets, guidage et autres a été réalisée au moyen de boulons serrés dans des logements ménagés à cet effet, lors du bétonnage, dans les poutres des planchers.

L’accès aux divers étages est assurée par des escaliers métalliques reliant les planchers et logés entièrement dans le faux-carré. Les garde-corps sont en béton armé.

L’adoption du béton a permis d’installer sur la toiture de la construction un réservoir d’eau de 35.000 litres qui permettait autrefois de fournir de l’eau sous pression.

En 1974, la municipalité de Valenciennes décide la restauration et l’aménagement du « Faubourg Dutemple ».

Après acquisition du terrain et des bâtiments de l’ancienne fosse Dutemple arrêtée à l’extraction en 1949, elle décide de préserver le chevalement et de créer sur l’ancien carreau un espace vert et une aire de sports.

C’est au milieu d’un jardin public de 25 000 m2, en partie boisé, qu’il est possible d’admirer cet édifice imposant à l’architecture remarquable, classé monument historique par arrêté du 06 mai 1992.

Les fosses Hérin, Renard, Saint-Mark et Haveluy de la Compagnie des Mines d’Anzin avaient été équipées au lendemain de la Première Guerre mondiale d’un chevalement similaire.

 

 

Le chevalement de la fosse Dutemple à Valenciennes (Nord)

(Collection Philippe Andrzejewski & Virgil Drelon)

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