Les Terrils,  « montagnes  du plat pays »

 

Les risques liés aux terrils

Après leur constitution, les terrils présentent des risques suffisamment importants pour porter atteinte à la sécurité des personnes et occasionner des dégâts sur le bâti ou les ouvrages immédiatement situés à l’aval.

Risques d’instabilité tout d’abord, si les pentes du terril sont trop élevées (supérieures à 40-45°), ou si l’érosion pluviale fragilise l’équilibre de la masse.  

Un autre risque susceptible de compromettre la stabilité du talus est la combustion spontanée.

Ce phénomène affecte principalement les terrils anciens dits de mine ou de fosse, dont les stériles provenant des ateliers de triage du charbon ou d’installations de lavage encore peu élaborées pour l’époque, comportent, en quantité variable, du carbone, de l’hydrogène et du soufre.

Avec le temps, ces matières combustibles entassées s’oxydent et la combustion peut se déclarer lorsque la température interne obtenue est suffisante. 

Bien que les terrils contiennent tous, en proportion plus ou moins importante, du charbon de granulométrie très fine, la teneur en carbone n’est pas l’élément déterminant dans le processus de mise en combustion spontanée. Il existe en effet des terrils à forte teneur en carbone qui n’ont jamais brûlé et des terrils à faible teneur qui sont en combustion active.  

Les mécanismes de combustion spontanée sont complexes et dépendent de paramètres liés à la fois à la nature des matériaux mis à terril (teneur en matières volatiles, teneur en charbon, teneur en pyrite, humidité, granulométrie, conductivité thermique des matériaux, indice des vides, perméabilité à l’air et à l’eau) et aux conditions d’environnement (conditions climatologiques, pluviométrie, vents, températures, pentes des talus). 

La source d’échauffement principale est due à l’oxydation de matériaux riches en pyrites et en charbon dans des conditions permettant à la fois l’apport d’air frais sans que la zone en échauffement soit trop ventilée, et un certain confinement empêchant l’évacuation des calories.

La combustion qui s’effectue toujours de la surface vers la profondeur, est particulièrement lente. Sa durée peut en effet atteindre plusieurs décennies, et le volume des terrains affectés par ce phénomène est toujours plus développé du côté des vents dominants (flancs ouest en région Nord-Pas-de-Calais).

Du fait de l’effondrement progressif des croûtes superficielles de combustion, les tassements observés sur un terril en ignition sont particulièrement élevés. En surface, des crevasses plus ou moins profondes par lesquelles s’échappent vapeur d’eau et fumerolles évacuent une partie de la chaleur emmagasinée.

Suivant le degré de combustion, la teinte des matériaux varie de l’orange (peu brûlé) au violet (très brûlé). Les températures dégagées peuvent atteindre 700 à 900 °C.

En cas de pluies abondantes, la couche supérieure du terril en combustion, fragilisée, peut partiellement se désolidariser de l’ensemble, provoquant au passage un glissement de terrain, qui est d’autant plus accentué si le terril est penté. 

Les risques de déstabilisation du talus sous l’effet de l’affaissement ou de l’effondrement des zones en combustion peuvent alors s’accompagner d’éboulements avec transport fluide des matériaux par les gaz chauds, voire l’inflammation de poussières combustibles. 

L’échauffement naturel n’est pas la seule cause de mise en combustion d’un terril. Une inflammation extérieure accidentelle ou provoquée peut en être également à l’origine. 

Le non-respect des consignes très strictes d’exploitation imposées dans le cadre de terrils en combustion peut conduire à des accidents graves comme par le passé à l’image de la catastrophe du terril n°6 de Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais) survenue le 26 août 1975.

Dans la situation actuelle d’arrêt total du Bassin, tous les terrils ont fait l’objet d’une analyse de risques qu’ils pouvaient présenter.

C’est en fonction des résultats de cette analyse de risque que des travaux de mise en sécurité ont pu être entrepris :