LES TERRILS,  « MONTAGNES  DU PLAT PAYS »

 

Introduction

Au cours de l’exploitation du Bassin Minier, l’industrie minière en général et les houillères en particulier ont généré en même temps que l’extraction du charbon des quantités considérables de matériaux stériles provenant du creusement des galeries et des veines déhouillées (terres intercalaires et épontes).

Si une partie de ces stériles était employée au remblayage des chantiers souterrains, la plus grande partie devait être évacuée et stockée en surface sous forme de dépôts caractéristiques des paysages miniers : les terrils.

Orthographié terri à l’origine, le mot s’est vu ajouter un L en 1906, lorsqu’on a évoqué dans la presse la catastrophe des Mines de Courrières. Des journalistes parisiens avaient en effet demandé à des habitants du bassin comment le mot s’écrivait. On leur avait répondu : « comme fusil ». C’est  l’explication la plus probable qui semble avoir été retenue.

Entassés aux abords des anciens sites d’extraction miniers ou sur des espaces plus éloignés, les terrils sont plus ou moins hauts et volumineux. Les volumes stockés peuvent atteindre plusieurs millions ou dizaine de millions de m3 pour des hauteurs de talus variant d’une dizaine à une centaine de mètres. Certains d’entre eux ont supporté des bassins de décantation.

Suivant l’époque à laquelle ils ont été constitués, les terrils peuvent être classés en deux catégories :

Dans l’ancien périmètre d’exploitation du Groupe de Douai, la plupart des terrils sont des terrils plats en raison de la faible résistance des terrains marécageux de la vallée de la Scarpe qui ne permettait pas de supporter le poids énorme des terrils coniques.

Omniprésents dans le paysage de l’ex-bassin minier, les terrils ont largement contribué à forger l’image du Nord de la France. En 270 ans d’exploitation, près de 300 terrils ont été édifiés à proximité des puits de mine du Nord-Pas-de-Calais. Ils représentent au total quelque 2 milliards de tonnes de schistes de triage, de lavoir, et de terres remontées du fond auxquels s’ajoutent parfois des cendres et des scories issus des centrales thermiques ou d’anciennes chaufferies.   

Désignés par un nom et un numéro d’ordre, les terrils accompagnent chaque site d’extraction de la houille. A l’origine, leurs tailles n’ont jamais pris de grandes dimensions à cause de la courte durée de vie des fosses.

Certains de ces dépôts ne sont plus visibles, soit parce qu’ils sont recouverts par la végétation et s’insèrent dans le paysage, soit parce qu’ils ont été autrefois utilisés comme remblais dans le cadre des aménagements de plates-formes de carreaux de fosse, de voies ferrées (cavaliers), ou dans le comblement, obligatoire jusqu’en 1935, des vides provoqués par les déhouillements.   

Après la Nationalisation, le développement du foudroyage (enlèvement du soutènement et effondrement des terrains), l’intensification et la modernisation de l’exploitation, en excluant tout tri initial des produits, ont entraîné un accroissement des déchets par tonne de houille ramenée à la surface.

Le ratio des masses de charbon net extrait de l’extraction totale a été globalement de 50% sur l’ensemble du Bassin. Dès lors, les terrils ont atteint des proportions parfois gigantesques : 120 hectares d’assise pour le plus étendu (le terril plat de Pinchonvalles à Avion) et 150 mètres de hauteur pour le plus élevé avant sa mise en exploitation (le terril conique du 5 de Bruay à Divion).