La mine et ses installations

 

Les transports souterrains

Jusqu’en 1789, les transports souterrains s’effectuaient uniquement à dos d’homme.

Après cette date, ils s’opérèrent au moyen de traîneaux en bois appelés « esclittes » de 1 hectolitre ½, glissant par des patins sur une voie formée simplement de rondins espacés.

Les hercheurs ou rouleurs assuraient alors péniblement le traînage sur des voies mal entretenues, souvent en rampe.

C’est en 1822 que la Compagnie des Mines d’Anzin fit pour la première fois usage, à Anzin, dans ses galeries, de rails en ornières de fonte sur lesquels circulaient des bacs à roues, ancêtres des berlines.

Quatre ans plus tard (1826), c’est au tour de la Compagnie concurrente des Mines d’Aniche d’introduire le chemin de fer dans ses exploitations.   

De 1846 à 1850, la traction par chevaux faisait son apparition dans les travaux du fond. Elle donna lieu à une vive opposition de la part des mineurs, suscitant même une petite grève à Anzin en 1848, bien qu’à cette date, il n’y avait encore que 4 chevaux.

Jusqu’à l’adoption du système par cages, la descente et la remonte des ouvriers s’effectuaient exclusivement  par des échelles, l’administration interdisant de manière formelle la descente et la remonte par tonneaux.  

A l’origine, et à cause des faibles dimensions des puits, ces échelles étaient placées verticalement sur toute la hauteur du niveau. En dessous de celui-ci, à partir des dièves, on établissait latéralement de petits puits ou bures inclinés qui recevaient les échelles et servaient en même temps à l’aérage.

Avec les puits de grand diamètre, les échelles reçurent une meilleure inclinaison, y compris dans le goyau qui se poursuivait désormais sur toute la hauteur du puits.

Dans tous les cas, chaque puits était muni de sa ligne d’échelles pour parer à tous accidents des machines. D’abord en bois, ces échelles furent ensuite conçues en fer, de même que les planchers ou paliers qui les accompagnaient.

Dès que la profondeur des puits atteignit 300 mètres, la descente et surtout la remonte par les échelles constituèrent des exercices particulièrement périlleux pour les mineurs, dont le rendement au travail s’en trouvait fortement diminué. 

Aussi, la Compagnie des Mines d’Anzin accorda t-elle à tous ses ouvriers travaillant dans ses puits dont la profondeur dépassait les 300 mètres une indemnité ou supplément de paye de 0fr.25 par jour, ou de 10 à 12% du prix de la journée.

A partir de 1850, l’emploi de cages guidées apporta un réel progrès au transport du personnel et à l’extraction. En même temps, on adapta à ces cages, pour les retenir suspendues aux parois du puits en cas de rupture du câble, des système de sécurité appelés parachutes et dont l’invention du premier modèle revient au mineur anzinois Fontaine.

L’élargissement des diamètres des puits permit par la suite d’employer des cages à deux étages et à deux berlines par étage.                        

Les différentes installations nécessaires au fonctionnement d’un siège d’extraction        

En 1789, une fosse comprenait un grand bâtiment couvert en chaume, murs en torchis, élevé sur un soubassement de briques avec une charpente en bois, le tout d’un aspect dépouillé et presque misérable.

A l’intérieur de celui-ci se trouvait le manège à chevaux ; un câble en chanvre s’enroulait sur un tambour horizontal et passait sur les molettes en bois du chevalement très primitif placé un peu au-dessus de la fosse et formé par deux poutres horizontales.

L’orifice du puits était entouré de simples barreaux de bois et les bennes de 4 hectolitres se balançaient librement dans ce puits carré d’environ six pieds cuvelé jusqu’au tourtia avec des troncs de chêne.  

Le charbon extrait par la benne était vidé au moyen de petites brouettes sur le devant du bâtiment où des charrettes venaient le prendre sur le terrain même.

L’extraction reposant uniquement sur la force animale, une vaste écurie se trouvait toujours implantée à proximité du puits. Couverte d’un toit de chaume, elle pouvait contenir un grand nombre de chevaux destinés aux différents postes.     

Du fait des capacités d’extraction très limitées de l’époque qui ne dépassaient guère les 300 hectolitres de charbon journaliers, les bureaux et baraques des ouvriers étaient nécessairement très modestes à l’image du grand bâtiment d’extraction.

Aux bâtiments en torchis qui abritaient les manèges à chevaux et les machines à rotation de Perrier  succédèrent, lors de l’emploi des machines Woolf, des bâtiments en briques.

 

Plan de carreau de la Fosse du Sarteau à Fresnes-sur-l’Escaut (XIXème siècle).

(Source : CHARBONNAGES DE France)

 

Au fur et à mesure de l’accroissement des productions, les bâtiments des fosses prirent des dimensions imposantes  en comparaison avec celles qui existaient autrefois.

Désormais, Il n’était plus question d’extraire comme par le passé de grandes quantités de combustible. Il fallait les soumettre aux opérations de nettoyage, de criblage, et trouver les moyens de les écouler journellement.

Chaque puits était alors relié par un embranchement aux lignes de chemin de fer, dont les wagons venaient se charger du charbon sortant du puits pour être dirigés immédiatement chez les consommateurs ou aux rivages où ils étaient directement déchargés dans des bateaux.

Des locomotives appartenant aux compagnies minières conduisaient à la gare la plus proche les wagons chargés et ramenaient les wagons vides.

 

Vues des terrils de Loos-en-Gohelle depuis la voie ferrée du carreau de la Fosse n°11 de Loos-en-Gohelle (1959)

(Collection Jean-Marie MINOT)

 

En sortant du puits, les berlines déversaient le charbon sur des plans inclinés où des enfants, garçons et filles de douze à quinze ans triaient les pierres sous la surveillance d’un chef trieur. Une fois nettoyés, les charbons, au moyen d’une trappe, tombaient dans de grands wagons pour être expédiés à leurs diverses destinations. 

La mise à terril des schistes demandait une installation complète comprenant un transporteur (soit à bande, soit par un transporteur aérien), une tour de stockage et un système de berlines ou skips à déversement automatique.

Divers bâtiments tels que bureaux, bains-douches, lampisterie faisaient aussi partie des travaux d’aménagement général.

 

Lampisterie aux Mines de Lens (Avant 1914)

(Collection Jean-Marie MINOT)

 

Salle des pendus de la fosse n°9 d’Oignies (1990)

(Collection Jean-Marie MINOT)

 

Il fallait aussi prévoir pour l’aérage du fond et la marche d’une certaine partie du matériel d’abatage et de circulation du fond, une salle de compresseurs qui comme au siège 2 de Marles par exemple, comprenait huit compresseurs totalisant 6.700 chevaux capables d’aspirer, en pointe, 900 m3 d’air à la minute qu’ils refoulaient à 6 kg de pression.

Pour refroidir ces machines, un château d’eau de 250 m3 avec filtre et épurateur alimentait deux réfrigérants susceptibles de refroidir 500 m3 d’eau à l’heure.

Par la suite, les machines modernes du fond et la totalité des machines du jour fonctionnant à l’électricité nécessitèrent l’installation de lignes aériennes haute-tension, de câbles souterrains ou encore de sous-stations.

Une chaufferie pouvant assurer le chauffage des bâtiments (bains-douches, recettes, épurations, triage, bureaux), un réseau de voies ferrées normales pour trains, étroites pour les berlines, des routes assurant l’accès aux camions et grues sur pneus, un parc à bois permettant d’entreposer une réserve de bois de mine, des magasins pour les différentes machines du fond, et les fournitures courantes, un atelier de réparation et d’entretien étaient aussi indispensables pour la marche du siège d’extraction.