La mine et ses installations

 

Le creusement des galeries

Le creusement des galeries s’opère dès lors que les puits sont foncés et que la communication d’aérage est établie entre eux. Deux galeries à grande section, les travers-bancs ou bowettes, sont creusés au rocher à des niveaux différents pour desservir les futurs chantiers d’exploitation d’une veine.

En général, la bowette inférieure communique avec le puits d’entrée d’air, et la bowette supérieure avec le puits de retour d’air. La dénivellation qui sépare les bowettes correspond à un étage d’exploitation.

Les couches sont ainsi recoupées à deux niveaux, soit directement par les bowettes principales, soit par les travers-bancs secondaires.

Parfois, pour atteindre les parties les plus profondes du gisement ou pour la desserte et la ventilation d’un étage ou encore l’évacuation des produits abattus, des puits intérieurs appelés bures ou galeries inclinées appelées descenderies, sont creusés.

A l’endroit où les galeries de desserte atteignent la veine de charbon, on creuse deux galeries à charbon, de section plus petite : les voies de chantier.

 

Galeries souterraines de la fosse n°9 d’Oignies

(Collection Jean-Marie MINOT)

 

L’exploitation du charbon

 

Avant son exploitation, le chantier est aménagé et équipé de tout le matériel et des machines nécessaires à l’abattage et la sécurité du personnel : canalisations d’eau et d’air comprimé, alimentation électrique, outils ou engins d’abattage, matériels de soutènement.

Au départ de l’exploitation d’un panneau, un ouvrage creusé dans l’épaisseur de la veine, appelé montage, relie entre elles les deux voies et crée ainsi le circuit d’aérage. Ce montage constitue le point de départ du futur chantier d’exploitation : la taille.

Dans un chantier traditionnel, le charbon est abattu par des ouvriers équipés de pics puis de marteaux piqueurs ; ensuite, suivant le pendage de la veine, le charbon s’écoule par gravité ou est chargé à la pelle dans les berlines  ou sur un transporteur courant le long du front de taille.

Abattage du charbon avant 1900

(Collection Cyrille HANON)

Jusqu’au XXe siècle, seul le bois est utilisé pour le soutènement des galeries et chantier. Dans les chantiers, il est généralement abandonné dans les remblais.

Les années trente virent se développer les méthodes de soutènements par cadres métalliques en galerie et par étançons coulissants récupérables en chantier. Cette dernière méthode a permis l’apparition des exploitations de foudroyage du toit remplaçant progressivement le remblayage, obligatoire jusqu’alors.

En 1944, la part du bois était encore estimée à 80 % dans le soutènement des chantiers.

Après la Nationalisation, on assiste à une évolution très rapide des méthodes d’exploitation. En 1961, P. BASEILHAC, directeur général de CdF pouvait dire :

« Depuis 1945, le visage de la mine a été profondément transformé par l’emploi intensif de l’électricité du fond, qui a permis la mise en place d’un équipement mécanique d’une très grande puissance. Des machines d’abattage dont le principe était depuis longtemps connu ont vu décupler leur effet utile en fonction de celle-ci ; parallèlement, leur champ d’exploitation s’est étendu aux chantiers irréguliers qui sont légion dans nos gisements, dès lors qu’ils pouvaient s’attaquer aux roches plus dures. Le soutènement métallique, puis hydraulique et enfin tout récemment un système automoteur, le « soutènement marchant » ont permis d’utiliser plus largement le foudroyage dans des conditions de sécurité meilleures et de rendement plus élevé.

Quant à l’évacuation du charbon abattu vers les galeries de roulage, là encore on note une transformation radicale due à l’usage généralisé des chaînes à raclettes qui réclament une très grande force motrice. En un mot, l’accroissement énorme de l’énergie mis à la disposition de mineurs ingénieux est à l’origine des progrès les plus marqués de ces dix dernières années.          

On a dit très justement, combien la mine était lourde et d’évolution lente. C’est en particulier parce que les impératifs de la sécurité y imposent des matériels spéciaux dont les mises au point et la généralisation demandent de longs délais. Il en a été ainsi, par exemple de l’emploi de l’électricité ou celui du moteur Diesel, qui ont permis, l’un, les puissantes machines modernes, l’autre, les roulages des sièges de concentration, même les plus grisouteux.

De tels moyens sont à la source de grands progrès de rendement et de productivité, obtenus dans la mine depuis quinze ans. Mais il reste encore à faire beaucoup, aussi bien pour épargner la peine des hommes et rendre la sécurité toujours meilleure que pour faire face à une vive concurrence, par l’accroissement correspondant de la productivité. Des techniques nouvelles doivent prendre la relève : le soutènement marchant comme les applications très diverses de la télécommande nous ouvrent de belles perspectives qui auraient paru tout à fait utopiques, il y a peu d’années seulement ».

Effectivement, les dernières décennies verront en effet la généralisation du foudroyage, du soutènement marchant par piles hydrauliques, des rabots et haveuses pour l’abattage, de la télécommande et de l’électronique.

 

Soutènement marchant de la fosse n°9 d'Oignies (1990)

(Collection Jean-Marie MINOT)

 

La sécurité  fut grandement améliorée par la systématisation de l’usage de l’eau dans la lutte contre les poussières et la généralisation des mesures grisoumétriques. 

Malgré toutes ces améliorations, l’exploitation du Nord-Pas-de-Calais ne pourra rivaliser avec les gisements bénéficiant dans le reste du monde de conditions géologiques bien plus favorables.