Le Bassin Minier du Nord et du Pas-de-Calais

 

Exploitation du charbon       

Avant la loi de Nationalisation de 1946, le bassin du Nord-Pas-de-Calais était exploité par 18 compagnies privées, indépendantes et concurrentes, d’importance et de techniques diverses, détentrices de titres miniers qui leur accordaient une ou parfois plusieurs concessions d’exploitation (Cas de la Compagnie des Mines d’Anzin).

A l’origine de la création de ces Compagnies, un petit nombre de fondateurs ont formé entre eux une Société de recherches à un faible capital, de 100.000 à 500.000 francs. Quelques articles suffisaient pour réglementer dans des statuts sommaires le fonctionnement de cette Société qui a exécuté les premiers sondages. 

Les recherches ayant abouti, les fondateurs ont immédiatement formulé une demande de concession et constitué en même temps une Société d’exploitation par acte authentique, au capital de 2 à 3 millions de francs, dans laquelle ils ont fait apport de leurs découvertes et de leurs droits à la concession, pour une somme comprise entre 300 000 et 1 million de francs.

Cette somme leur a été payée sous forme d’actions libérées de la Société d’exploitation. Les actions restantes ont été souscrites par les fondateurs ou par le public, sur la base de 500 francs ou de 1000 francs.

La Société d’exploitation ainsi constituée a poursuivi la demande en concession des fondateurs de la Société de recherches, continué, s’il y avait lieu, les travaux d’exploitation et commencé l’ouverture d’un puits d’exploitation.

La plupart des Sociétés houillères du Nord de la France se sont constituées sous la forme civile. La gestion de leur administration était difficile, la liquidation embarrassée et coûteuse car les pertes étaient réparties, par parts viriles, sur chaque associé.

L’administration de l’entreprise minière était dévolue à un Conseil composé d’un certain nombre de membres  nommés, pour un temps limité, par les actionnaires. Ce Conseil disposait généralement des pouvoirs les plus étendus ; il déléguait dans des conditions déterminées, le pouvoir exécutif à une personne autorisée, par son passé, son honorabilité et ses connaissances spécifiques. Ce délégué du Conseil d’Administration était en rapport constant avec lui. Il prenait le titre d’Administrateur délégué, d’Agent Général ou de Directeur de la Compagnie.      

Aux compagnies minières, la loi de Nationalisation de 1946 a substitué neuf puis huit groupes d’exploitation qui furent de l’Ouest vers l’Est : Auchel, Bruay, Béthune, Lens-Liévin, Hénin-Liétard, Oignies, Douai, Valenciennes.

L’exploitation du charbon dans le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais a débuté le
3 février 1720, à Fresnes-sur-l’Escaut et s’est achevée le 21 décembre 1990 à Oignies.

Les principales étapes de la découverte de ce Bassin peuvent être récapitulées de la manière suivante :

Première étape :

C’est le 8 mai 1717 que la première concession de houille est accordée par  le roi Louis XV (1710-1774) dans la région de Valenciennes. Le 3 février 1720, la première gaillette de charbon est extraite du puits n°1 de la Fosse Jeanne Colard sise sur le territoire de la commune de Fresnes-sur-l’Escaut. De là, les recherches s’étendent progressivement vers l’Ouest en suivant tout d’abord les directions des veines reconnues jusqu’en Belgique. En 1734, la houille grasse est découverte à Anzin, à la Fosse du Pavé, et en 1757, plusieurs concessionnaires dont le vicomte Jacques Désandrouin (1682-1761), le Duc de Croÿ-Solre (1718-1784) et le marquis Augustin Marie Le Danois de Cernay (1710-1784) s’associent pour constituer la puissante Compagnie des Mines d’Anzin. La production s’élevait à 300 000 tonnes de charbon par an. Les premières machines à vapeur étaient déjà en service depuis plusieurs années et servaient principalement à l’exhaure.

Deuxième étape :

Les travaux de recherche et de reconnaissance du gisement sont menés de front avec le développement de l’extraction. Une concession est accordée à la Compagnie des Mines d’Aniche en 1773. Cependant, la révolution française et l’invasion autrichienne en 1793 amènent l’arrêt des recherches. De 1800 à 1815, la production annuelle reste aux environs de 200.000 tonnes pour Anzin et autour de 20.000 tonnes pour Aniche. Après 1815, les Compagnies minières du Nord de la France augmentent leur production : l’introduction des machines d’extraction à vapeur permet d’extraire des tonnages plus importants.

Troisième étape :

Sous le règne de Louis-Philippe, de 1830 à 1840, de nombreuses sociétés de recherches se forment pour entreprendre des recherches et demander l’autorisation d’exploiter des concessions. Celles de Vicoigne, Douchy, Crespin, Azincourt sont notamment accordées au cours de cette période. Il est intéressant de noter que nul ne songeait alors à effectuer des sondages dans la direction de Lens car on croyait communément que le terrain se prolongeait plutôt vers le sud en direction d’Arras. On ignorait alors que le bassin changeait de direction précisément à Douai pour se relever de près de 45 degrés vers le Nord. On ne connaissait pas non plus l’accident du Sud du bassin qui a renversé des terrains anciens au-dessus du terrain houiller, et les recherches les plus septentrionales qui auraient pu rencontrer la houille, étaient arrêtées sitôt qu’on avait touché les terrains anciens. Et du reste, le matériel employé alors n’eût sans doute pas permis de pousser ces sondages aussi loin qu’il l’eût fallu pour atteindre la houille. Le véritable sens du gisement ne fut définitivement reconnu que quelques années plus tard.

Quatrième étape :

C’est en 1842, que la découverte fortuite de la houille à Oignies, au cours d’une recherche d’eau dans le parc de Mme De Clercq, met en évidence l’infléchissement du bassin vers le nord, à la hauteur de Douai. En 1847, un sondage effectué par Eugène Soyez à l’Escarpelle, près de Douai, confirme le prolongement du gisement au Nord-Est, en direction de Béthune, confortant l’hypothèse émise en 1839 par l’ingénieur des mines Du Souich (1812-1888). Le bassin du Nord était alors entièrement reconnu. Au cours des années suivantes, celui du Pas-de-Calais allait être à son tour rapidement mis en exploitation. A la fin de 1849, de Douai à Lens, le terrain houiller était complètement connu. Des puits furent ouverts à Hénin-Liétard et à Courrières. De 1850 à 1855, des forages révélèrent la continuation du gisement au-delà de Lens.  

Cinquième étape :

C’est pendant cette période que furent instituées les premières concessions du Pas-de-Calais : Béthune en 1850, Lens, Bruay, Marles et Ferfay en 1852. La société des Mines de Dourges et celle de Vendin furent constituées à la fin de 1856.  De 1855 à 1862, de nombreuses compagnies furent encore fondées dans le Pas-de-Calais, notamment celles d’Ostricourt, Carvin, Meurchin et  Liévin. En 1860, le Pas-de-Calais produisait déjà plus de 600.000 tonnes de charbon. C’est durant cette année que Jules Gosselet (1832-1916) définit le grand accident tectonique qui limite le bassin au Sud et lui donne le nom de « Grande Faille du Midi ». En reconnaissant la nature chevauchante de cette faille, il donne naissance à l’étude tectonique du bassin. En 1880, avec une extraction totale de 4 millions de tonnes, le Pas-de-Calais dépassait de 1 million la production du département du Nord.